Le poids invisible – Diagnostiquer l’épuisement de l’aidant
Introduction :
Je ne vous apprend rien en vous disant qu’être aidant, c’est souvent porter l’équivalent de deux vies : la sienne… et celle de l’autre.
Ce rôle, profondément humain, peut pourtant devenir une “charge” lourde, silencieuse, insidieuse.
Cet outil vous aide à identifier cette charge mentale et émotionnelle, avant qu’elle ne déborde. Il permet de sortir d’une forme de déni, de minimisation du retentissement que représente notre statut d’aidant.
1. Qu’est-ce que la charge mentale des aidants ?
Définition :
La charge mentale désigne l’ensemble des responsabilités, pensées et anticipations liées au rôle d’aidant. Elle se manifeste par de l’anxiété, des troubles du sommeil, une perte d’énergie ou une difficulté à faire des choix pour soi-même.
Quelques chiffres (sources : DREES, CNSA, France Alzheimer) :
En France, plus de 11 millions d’aidants
50 % d’entre eux déclarent un impact négatif sur leur santé
Près de 1 aidant sur 2 exprime un sentiment d’épuisement moral ou physique
2. Questionnaire de diagnostic de l'épuisement (auto-évaluation)
Inspiré du Zarit Burden Interview (version simplifiée) et de l’échelle de fardeau de Montgomery-Borgatta.
En lien, le questionnaire via Google Form, je réalise une étude statistique sur l’épuisement des aidants. Les questionnaires sont anonymes.
Vous pouvez aussi répondre sur une feuille de papier libre ou encore télécharger et imprimer le PDF en bas de page.
Instructions :
Notez chaque item de 0 (jamais) à 4 (très souvent), puis faites le total à la fin.
Vous sentez-vous stressé(e) par votre rôle d’aidant ?
Avez-vous le sentiment de ne plus avoir de temps pour vous ?
Ressentez-vous de la culpabilité lorsque vous prenez du temps pour vous ?
Avez-vous des troubles du sommeil, de l’appétit ou de l’humeur ?
Avez-vous des pensées de solitude ou d’isolement ?
Vous arrive-t-il de vous sentir incompris(e), d’avoir envie de tout arrêter ?
Vous sentez-vous épuisé(e) physiquement et moralement ?
Avez-vous constaté des effets sur votre santé ?
Ressentez-vous de la colère, de la frustration, voire de la rancœur ?
Hésitez-vous à demander de l’aide ou du relais ?
Score :
0–10 : Fatigue normale, mais restez vigilant(e)
11–20 : Premiers signaux d’alerte
21–30 : Risque d’épuisement élevé, parlez-en
31–40 : Épuisement probable, un accompagnement est nécessaire
Maintenant que vous avez votre score, même si c’est difficile, essayez d’être lucide : si l’épuisement est là, il ne partira pas tout seul.
Ce questionnaire ne vous dit pas ce que vous devez faire, il met juste en lumière ce que vous ne pouvez plus ignorer.
Vous savez déjà ce qui vous pourrait vous faire du bien – mais peut-être avez-vous besoin d’un vrai relais, pas d’un conseil de plus. Même si vous vous sentez “perdu”, “démuni”, “impuissant”, avec cette phrase qui vous parlera certainement: “Je n’ai pas le choix”.
Ce n’est pas un jugement, ni un verdict : c’est une invitation à vous écouter, à vous préserver, à faire un pas vers vous. Vous méritez d’être soutenu(e) autant que vous soutenez les autres.
Partagé, voire déchiré entre sentiments d’obligations, de conscience morale, de dévouement et ignorer le retentissement que peut avoir le fait d’aider un proche, ne pas tenir compte de l’impact que cet accompagnement peut avoir de préjudiciable pour soi, pour notre santé, notre vie au sens large, peut agraver notre état et dégrader notre qualité de vie.
3. Quelques conseils pour soulager la charge mentale (même si vous le savez déjà)
Ces pistes ne sont pas des injonctions, mais des repères tirés du terrain. Rien de tout cela n’est facile, encore moins automatique. Nous savons ce que c’est que de veiller, d’être l’appui, d’avoir la tête pleine et le cœur lourd. Nous ne parlons pas d’idéal. Nous parlons d’expérience.
Faites la distinction entre ce qui dépend de vous et ce que vous ne pouvez pas contrôler. Cela ne règle pas tout, mais cela évite de s'épuiser en vain.
Osez parler : à un professionnel, un groupe d’aidants, un proche. Même si cela vous semble inutile ou risqué, l’isolement est plus destructeur encore.
Essayez de préserver, ne serait-ce qu'une fois par semaine, un espace non négociable pour vous, même court, même imparfait.
Ne négligez pas les outils de soutien psychologique : lectures sur la résilience (Cyrulnik, Christophe André, Susan David…), le deuil blanc, les étapes de l’acceptation. Il ne s'agit pas de solutions miracles, mais de balises dans la tempête.
Soyez honnête avec vous-même : dire "non", poser des limites, ce n’est pas abandonner l’autre, c’est rester capable de l’aimer durablement.
Si tout semble flou, commencez par respirer. Une vraie respiration, posée. Dix minutes. Pas pour aller mieux, mais pour ne pas aller plus mal.
Et si vous ne savez pas par quoi commencer, commencez par ne plus faire seul(e).
Exprimez-vous : parlez à un proche, un groupe de soutien, un professionnel
Réservez du temps à vous chaque semaine, sans culpabilité
Utilisez des outils de mémoire, d’organisation ou d’aide au quotidien
Autorisez-vous à dire "non" ou à poser des limites
Pratiquez une respiration consciente 10 minutes par jour
4. Ressources utiles
Plateforme Téléphonique d’Écoute des Aidants ou 0 800 360 360
Groupe de soutien “Le Refuge”
Et n’oubliez jamais ceci :
Vous êtes la seule personne avec qui vous vivrez chaque minute de votre existence.
C’est pour cela qu’il est vital de prendre soin de vous — pas par égoïsme, mais par nécessité.
Sans vous, plus rien ne tient. Et personne ne peut le faire à votre place.
📝 Ce document peut être utilisé comme base d'échange avec un professionnel, un médecin ou un coach. Il ne remplace pas un diagnostic médical.